vendredi 21 mai 2010

Nadia, le secret de l'eau bleue


Rien de tel qu'une année en plus pour se retourner un peu vers le passé. Et pour cela, j'ai été bien aidé par un collègue blogueur, qui dans une de ses notes quotidiennes ( celle-ci ) a ressorti du placard et de ma mémoire un bon gros bout de dessin animé bien génial.

Je ne vais pas parler ici d' Atlantide, l'empire perdu, Disney mésestimé et à voir absolument, ne serait ce que pour la production design signé Mike Mignola (Hellboy) et l'univers steampunk franchement jouissif. Non. Mais je vais aller plus loin. Parce que mine de rien, si on y réfléchit, tous les longs métrages Disney avant 2002 ont été des adaptations de quelque chose de déjà existant. Pas une seule histoire originale ! Vérifiez, c'est vrai.

Et là on pourrait dire : " Mais non ! Le Roi Lion, c'est une histoire originale ! "

Déjà, une bonne rafale de phalanges dans ta face pour apprendre à dire des conneries pareils.

Parce que Le Roi Lion, ZE big success of Disney, n'est qu'une reprise d'un classique de l'anime japonais, Le Roi Léo, créé par le dieu vivant Ozamu Tezuka. Mais bon, à la limite, ça commence à se savoir de plus en plus et l'erreur est réparée. Mais ce Disney n'a pas été le seul à repomper un anime du pays du soleil levant.


L'Atlantide, l'empire perdu aurait pu s'en sortir comme ça, prétextant l'adaptation des textes de Platon et des nombreuses légendes mythologiques. Mais cela aurait été sans compter sur l'oeil acerbe des geeks qui ont repéré d'étranges et troublantes similitudes entre ce Disney et la série TV peu connue dans notre partie du monde, Nadia, le secret de l'eau bleue (Fuhigi No Umi No Nadia).

Il est donc temps de rappeler cette géniale série à la mémoire collective.

Il me semble l'avoir découverte vers 2001, à l'époque où elle passait sur la encore décente chaine Game One. Elle a été la seul à proposer une version de la série vraiment respectables, rajoutant même les morceaux censurés par AB Productions (détenteurs des droits) en version sous-titrée pour nous permettre de voir les côtés les plus horribles et les plus érotiques de cette série incroyable.

Créée en 1990 par le studio Gainax, Nadia... raconte l'histoire d'une jeune fille du même nom en 1889, porteuse d'une pierre bleue aux pouvoirs mystérieux. Pourchassée par beaucoup, elle va partir dans des aventures extraordinaires, aidée par Jean, un jeune inventeur rouquin et dévoué, Marie, une petite fille orpheline, Attila, un lionceau blanc, et une bande de mercenaires finalement bien sympathiques. Dans ce voyage pleins de rebondissements, elle découvrira le secret de ses origines et rencontrera entre autres le Capitaine Nemo, la cité d'Atlantide, la tour de Babel, Yggdrasil l'arbre monde et une multitudes de personnages hauts en couleurs.


Adapté du 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne, la série doit aussi son inspiration principale à un projet avorté d'un certain Hayao Miyazaki dans les années 70. Miyazaki lachera l'idée, s'en servant de temps à autre pour la série Conan, fils du futur et pour son film Le Chateau dans le Ciel, mais c'est bien Gainax qui reprendra l'idée au début des années 90.

Composée de 39 épisodes, d'une durée de 22 minutes chacun, la série est un must-see. Déjà pour ses personnages franchement géniaux (le capitaine Nemo est juste magique, Nadia est Rhaaa lovely...), une histoire mêlant habilement les mythologies du monde entier et l'univers et l'histoire du 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne. Il est assez génial de retrouver au détour d'un épisode un événement du livre, et de voir comment il prend sens dans l'histoire de la série.
A voir aussi pour une animation de franchement belle qualité pour une série TV, tout aussi efficace dans les scènes de pures contemplations que dans les combats frénétiques entre vaisseaux ennemis. Le côté steampunk est aussi un plaisir, tant ce style possède une richesse qui permet les plus belles audaces dans le dialogue incessant qu'il offre entre l'artisanal du 18e siècle et la modernité mécanique de la Révolution Industrielle.

Alternant les moments de pure comédie ou de splendeur ahurissante, avec une gravité étonnamment très poussé pour une série de l'époque, et se permettant de poser de vraies questions sur le rapport de l'homme à la machine, à la guerre, et à sa propre condition, la série ose beaucoup et offre juste un spectacle grandiose pour une série qui ne paye de prime abord pas de mine.
Malgré tout les bons points qu'on lui accorde, Nadia... a des gros défauts bien relous qui pourraient en dissuader quelque uns de s'y plonger corps et âmes. Les personnages, s'ils sont intéressants et complexes, n'ont pas une grande marge d'évolution sur toute la longueur de la série, et Nadia peut très facilement vous les briser au bout du 20e épisode. A noté aussi que si les épisodes 1 à 22 sont excellents, à partir du 23 la série bifurque vers une autre oeuvre de Jules Verne, L'île mystérieuse, en contant les aventures des protagonistes sur une île. Ce segment, qui dure tout de même jusqu'à l'épisode 33, est chiant au possible et la chute qualitative est franchement visible. Sous-traitée en Corée et en Thaïlande par Gainax, cette partie pêche par une animation simpliste et mal torchée, un scénario inintéressant (un épisode à la recherche de nourriture, ou d'un campement, ou sur Marie, ou sur Attila...) et des dérives narratives inutiles et carrément gênantes.

N'empêche, les 5 derniers épisodes retrouvent la splendeur habituelle de la série, et offre un final jouissif, intense et troublant qui prend à la gorge.


Pour tous les adeptes, la série est difficilement trouvable en DVD, mais si vous avez comme moi un perroquet sur l'épaule et un bandeau sur l'oeil il existe un joli torrent qui propose tous les épisodes en version Game One (VF + scénes censurées en VOST) et que vous pourriez trouver si vous regardez bien à la fin de cet article.

Nadia, le secret de l'eau bleue est une série à voir absolument, avec des moments franchements dispensables et des trucs horripilants, mais offrant une aventure et une experience sans pareil, portée par des musiques inégales mais dans l'ensemble très bonnes. Alors, jetez vous dessus !


Jules Verne peut être fier.


Gort


Playlist : Ray LaMontagne / You are the Best Thing


Oh ! Mais qu'est ce que c'est !? Pirates !