mardi 22 décembre 2009

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Bon sang. Réfléchissez-y. Dans maintenant un peu moins de 10 jours, il en sera fini des années 2000. Putain, ça file. Putain, je suis vieux.

Je me vois encore bondissant de joie devant ma télé à l'aube du second millénaire. En voyant tous les gens du monde bondir avec moi dans tous les sens, on sentait le souffle du millénaire gonfler nos ailes. Et puis c'était parti. Les années 2000 avaient entamées leur rythme de croisière, et elles ne s'arrêtaient pas pour attendre les retardataires, les nostalgiques ou les mélancoliques. Telle est la marche du temps, impassible, froide, avançant sans bruit à travers le fracas des hommes. Le temps se soucie peu du bruit des êtres, il a existait bien avant eux. Abstrait, il faisait partie d'eux avant qu'ils aient pu en esquisser les fondations.

Le temps. Vaste question. Trop souvent, on le symbolise facilement par une montre égrenant les secondes. Ou par le cours d'un fleuve, de la vie d'un homme, ou par la course du Soleil. Tout cela n'est rien, ce ne sont que des cristallisations. Des représentations. Des instants qui nous frappent, et nous font prendre conscience d'une chose abstraite qui file au-dessus de nos têtes sans qu'on puisse jamais la saisir. Car le temps est l'éternel insaisissable. Il est fluctuant, selon l'impression qu'on en a, ou qu'on en donne. Il paraît court dans les bras d'un amour, et bien long lors d'un ennui sans nom.

Regardez moi. Les 10 premières années de ma vie sont passés comme un souffle. Je n'ai rien vu, et bien qu'elles ont été primordiales, pour moi comme pour tout le monde, elles ne sont que de vagues images, d'imperceptibles sensations fortes. Elles seront toujours pour moi qu'un vague souvenir. Le temps à fait son affaire.
Les 10 années qui ont suivies sont évidemment plus proches, et pleines d'événements bien définis, que je pourrais tracer à grands traits, sans risquer trop d'erreurs. Elles sont été les années des expériences, des tentatives, des échecs, des réussites. Celles du perceptible, de la vie, enfin, après la brume de l'enfance. Elles sont ces années où l'on découvre, où on se voit grandir, où on plante les graines qui pousseront plus tard. Elles sont les années des paris, sur nous, sur la vie, sur l'avenir.

Elles sont ces années 2000. Imposantes, solennelles. Et à l'aube d'une nouvelle décennie, on se plaît à regarder en arrière. J'aime faire des bilans, à des moments clés comme ceux-ci. Ca rajoute un jalon pour nous, là où il n'y a rien. C'est important.
On regarde en arrière, et qu'est-ce qu'on peut bien voir ? L'histoire du monde ? La notre ? Les échecs ? Les réussites ? Les petites choses, ou les plus grandes ? Qu'est-ce que vous y voyez ?

Mais avant d'y aller, je garde une petite pensée pour ces années 2000. Je regarde leur dernier chapitre prendre fin, je les vois mourir, un peu triste. Elles qui ont été les compagnons de mes plus fortes années. Je les vois me laissaient continuer, alors qu'elles s'arrêtent. Elles me disent de courir, d'embrasser cette nouvelle ère pleine de promesses. Mais je ne sais pas. Je trébuche, je m'arrête, j'hésite. Et puis non.
J'ai bien envie de m'arrêter avec cette bonne vieille décennie, de profiter de ces derniers jours, pour se remémorer les bons moments, avec un peu de vin, quelques olives, quelques gressins peut-être, et deux-trois cigarettes.Le temps la brouillera bien assez vite pour qu'on l'oublie déjà.


Et dans 10 jours, alors que le monde fêtera la naissance de la nouvelle année et décennie, j'aurais une pensée pour une vieille amie qui viendra de s'éteindre.


Gort



Playlist : J.S. Bach / Piano Concerto n° 5 in F Minor

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