mardi 6 octobre 2009

Parcours d'un guerrier enrhumé.


Ma récente petite prise de tête (voir message précédent) pourrait occulter le fait que, malgré tout dans cette ville en manque d'humanité, je trouve mon bonheur. Alors, c'est vrai que pour l'instant c'est pas non plus 'fanfare et trompettes', mais je trouve quand même des petites sources de satisfaction. Exemple, hier.

Je venais de passer mon 4e jour sans me laver (véridique), pour cause de chaudière défectueuse. Réveil pénible, je suis encore en phase d'acclimatation. Et pour la première fois pour moi, la pluie à Paris. Ma vie n'était déjà qu'un flot discontinue d'eaux glaciales et de courants d'air porteurs de mort, et il fallut que la météo rajoute sa petite contribution. J'en grelottais d'avance. En fait, je grelotte sans cesse.

Je sors, après avoir enseveli ma personne sous des tonnes de t-shirt, de sous-pull et de manteau bien serré, et j'essaye tant bien que mal de passer entre les gouttes en gagnant ma station de métro. Peine perdue. Casquette trempée, jean trempé. Au moins j'aurais pas besoin de chercher bien loin pour trouver les causes de ma pneumonie. C'est déjà ça.

Programme pas très original, comme toujours, je m'en vais baguenauder dans les rues de Paris. Pour aller voir un film, et pour découvrir les recoins de Paris restaient encore inconnue de ma personne. Je sors à St Michel, au Quartier Latin, foisonnant de cinéma. Et là, première surprise. Après la prise de tête précédente, j'ai devant mes yeux un bon côté de la vie parisienne.
Un quartier, fait de parc, de places et de rues pavés. De-ci, de-là les gens s'aventurent dans les ruelles où passent par moment des voitures mal engagées. Les fenêtres me paraissent bien basses, et les cafés bien remplies pour un jour de pluie. Mais le parisien est imperméable. Quoiqu'il en soit, je repris goût, à cet instant, à ma vie à Paris. En cherchant mon cinéma, sautant maladroitement au dessus des caniveaux débordant d'eau de pluie, je ris intérieurement de cette chaleur intérieure soudaine qui m'a fait oublié mon rhume.

MK2 Hautefeuille. Petit ciné en coin. 'London River' de Rachid Bouchareb. Et voilà, alors qu'on croyait l'année 2009, avare en véritables surprises cinématographiques, bientôt finie, comment on se fait cueillir par un film. Magnifique, troublant, j'en sors ému aux larmes, et le sourire aux lèvres. La pluie s'est arrêtée, je découvre une boutique de BD. Dommage, l'argent manque. Vivement que je sois riche.

Deuxième film, un chouia plus tard. J'ai décidé de passer plus de temps dans le salles chauffés des cinémas. Ma passion apparaît donc comme le seul véritable médicament efficace contre la maladie.
Sinon, je fais comme les gens. Je lis en attendant, dans le métro, dans la rue, dans le cinéma. 'Bilbo le Hobbit' m'accompagne partout, planqué dans la poche intérieure de ma veste épaisse gonflée par la pluie.

Le Reflet Medicis. Sentiment de ciné d'avant-guerre. 'Roman Polanski : Wanted & Desired'. Je sors moins convaincu par le film (un brin bordélique) que par l'honnêteté de Polanski dans ce procès. Il en a bavé, et ils le lâche toujours pas. J'en sors remonté et rempli d'amour pour ce cinéaste brillant. Je rajoute sur ma liste des choses à faire dans ma vie : "Rencontrer Roman Polanski". Avant de me rappeler sa situation inextricable. Merde. Je pense aussi à appeler mon fils Roman. On verra bien.

Petit métro tranquille, Bilbo à mes côtés, entourés de gens qui lisent. Je rentre à ma maison, j'ai la dalle. J'ai presque rien manger. La soirée se passe, et je décide de finir cette journée étonnante, humide, et agréable par ce que je pensais être un bon film de S-F avec le sympa Christian Bale : 'Equilibrium'. Les Frères Lumières doivent faire des triples axel dans leurs cercueils à chaque visionnage de cette bouse. Tout y est absolument mauvais. Je m'endors finalement, à 2h du matin, grelottant de nouveau, en sachant que je devrais me lever à 6h pour avoir ma première douche chaude depuis 4 jours.


Même pas peur. Je suis un guerrier.



Gort



Playlist : Bye Horus / Album 'Locomotives (Histoires marines)'.

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