dimanche 1 novembre 2009

Je vis apparaître la liberté. Je me tus discrètement.


A son rythme. Ne pas se presser, au risque de tout détruire. Prendre son temps, pour écrire le plus justement possible.

J'ai dû quitté la verve littéraire de mes débuts. La DS m'a tué en quelques sortes. J'ai abandonné les bouquins pour Layton, Mario et Cie... Ridicule. Alors après des semaines de ce régime abrutissant, retour aux mots. Programme : Arthur C. Clarke, Asimov, Lovecraft...
A part cette lutte interne, entre jeux vidéo et livres, j'ai quand même vécu un paquet de trucs en deux semaines.

Déjà, j'ai découvert mon nouveau lieu préféré dans Paris. Bercy. Ca se trouve au Sud-Est de Paris, aux alentours de la Cinémathèque Française, de la Bibliothèque François Mitterrand, et du cinéma MK2.
J'y allais innocemment, pour voir je ne sais plus quel délire sur pellicule. Et à Bercy, déjà, il n'y a pas grand monde. C'est un quartier d'affaire, où les QG de grandes multi-nationales se font du coude, et où les seules badauds sont des costumes trois pièces.
Il ne faisait pas trop chaud, mais mes escapades métropolitaines m'avaient réchauffer. Un vent frais balancé de fines gouttes de pluie. Le sol était humide, et quelques flaques témoignaient de l'orage d' il y a peu. J'allais en direction du cinéma MK2 qui, je ne le savais pas alors, était plus loin que je ne le pensais. La citadelle du palais des sports de Paris-Bercy offrait une agréable nuance verte-gris dans le ciel sombre. Un peu perdu, je cherche la Seine, seul repère restait dans mon esprit, et récupérait d'une de mes anciennes escapades. Je cherche des ponts, même si à Paris, il n'y a pas que de l'eau qui passe en dessous, j'avais bon espoir.

Je force le pas, et traverse le parc de Bercy. L'espèce de sable rouge est spongieux, et mes chaussures manquent plusieurs fois de se faire engloutir. Je déteste ce sable, il me rappelle les vieux terrains de foot de mon enfance, et les brûlures, les griffures douloureuses quand on chutait. Le quidam se fait rare, à croire que le parisien n'aime pas la pluie. Des amoureux s'abritent sous un kiosque, et en profite un peu. Un vieux couple, bras dessus, bras dessous, marche lentement, le nez dans leurs manteaux. Et la Seine est là, silencieuse. Sur la passerelle Simone de Beauvoir, qui est l'un de mes ponts préférés, tout de bois vêtu, je profite de l'horizon que m'offre la Seine. Et hop. Encore un moment où j'adore Paris. Entrevoir la vie, sur les bords de Seine, perché sur un pont, au dessus de l'eau, le vent plus froid que jamais. J'ai froid, mais je m'en fous.
J'ai l'impression d'atteindre une espèce de plénitude. Ou plutôt non. J'ai l'impression de faire vraiment partie d'un ensemble. Le ciel, le vent, la passerelle, moi. C'est con à dire comme ça. Mais arrivée sur l'autre rive, devant le cinéma, entouré par les quatre tours monumentales de la Bibliothèque Mitterrand, en sentant l'air humide, ou le vent qui s'engouffre entre ces monolithes modernes, ou peut-être le bruit de mes pas maladroits sur le bois gonflé par la pluie, je sens faire partie d'un tout. Ouais, c'est con. Mais n'empêche, j'y pense.

Je vais sûrement être en retard pour le film, je vais rater le début, je déteste rater le début, le caissier va sûrement me saouler, mais je m'en fous. Et alors que je marche tranquillement, le nez au ciel, en train de regarder ces tours sombres percés les nuages de la cité, j'aperçois une chose sublime. Une nuée d'oiseaux, une masse changeante, ondulante dans l'air, gracieuse sans vouloir l'être. J'avais vu ça en rase campagne, au dessus des champs ou des forêts. Mais à Paris, territoire de l'homme moderne, jamais.


Et voir une telle liberté jaillir au sein d'un univers aussi sombre et dur, même le temps d'un instant, ça vous fait repartir pour dix ans.



Gort



Playlist : Nat King Cole - 'Unforgettable', 'Somewhere Along the Way', ...

2 commentaires:

Snub a dit…

Unforgettable ... J'adore, chanson de watchmen d'ailleurs :D

Anonyme a dit…

Trop "fan" de ce que tu écris .....