Affalé, comme toujours devant la boîte à images qui me sert de cerveau en vacance, je zappais sans discontinuer, ne trouvant rien qui pourrait remplir la vacuité temporaire de mon existence. Cependant, j'étais loin de penser que mon inactivité allait bientôt être troublé, et que je sortirais de ma léthargie, pour vivre à nouveau.
La lumière du poste de télévision dissipait son pouvoir hypnotisant, auquel je m'abandonnais volontiers, lorsque mon oeil, hagard mais vivant, remarqua dans une case de choix des programmes un petit personnage bien familier. Un petit dinosaure, intrépide, curieux, et plein de courage. C'est un "long-cou", et son nom est "Petit Pied".
Je me releva d'un coup d'un seul, sortant de ma torpeur pour m'accroupir sur le tapis, à 3 mètres de l'écran, la rétine fixé sur ce qui est pour moi un bon gros morceau d'enfance. Et quand tu te le prend sur le coin de la gueule, ça te remue un peu. Comme un gamin, de retour dans les 90's, j'observais un sourire aux lèvres Petit Pied aux prises avec un Tyrannosaurus Rex, le fameux et terrifiant "Dents Tranchantes".
Rien que d'y repenser, j'en ai des frissons. Et ainsi, un pan entier de mon enfance, longtemps caché, s'est révélé à moi en ce début d'après-midi. J'en ai eu les larmes aux yeux. Vraiment. J'ai revu la mort horrible de la mère à Petit Pied, la musique déchirante, "l'étoile d'arbre" traînée par Petit Pied pendant l'aventure, et puis ses amis aussi. Le fameux "Oui, oui, oui", ou le "J'ai voli ? Non t'es tombis.". Des souvenirs qui m'arrivent en pleine poire, comme ça, sans prévenir, et qui prennent à la gorge. En traître.
Des trucs que la raison, les analyses t'ont permis d'éviter. Alors tu fais des études, tu rationalise tout, mais tu te gardes quand même une part d'innocence dans le tas, pour te laisser surprendre, pour garder des émotions authentiques.
Tout ce boulot intellectuel, très sérieux, pour finalement te faire avoir un jour où tu as baissé ta garde, par un dinosaure pas plus haut que 3 pommes et au nom à coucher dehors. Il a attendu, lui et toute sa bande, caché dans un coin de ma mémoire, voyant passé les Gilles Deleuze, les André Bazin, les Truffaut, les Godard, les analyses filmiques, les théories cinématographiques, les débats, les thèses, les concepts. Il les as tous vu, mais il s'en moquait, il dormait sur sa feuille, dans un coin de ma tête.
Et puis quand il a vu tout ce monde partir, il s'est décidé à sortir, à venir toquer à ma porte. Et bim. Et ça vous prend au coeur. Et tu vois que t'es rien qu'un gosse qui a grandit. Et tous tes théoriciens peuvent aller se faire voir, parce que t'es qu'un gosse devant un film. T'es qu'un adulte qui se voit gamin, devant un film. Mais après tout ce temps, j'ai qu'une chose à lui dire à ce petit dinosaure :
"T'étais où ?"
Et puis pour ceux qui doutent, il y a l'intégrale du film sur Dailymotion. Ca s'appelle "Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles", et ça vous ferait chialer un dictateur nord-coréen.
Gort
Playlist : Foo Fighters / Cheer Up, Boys ; The Pretender ; Come Alive ; Long Road to Ruin ...
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